i'll love you through a periscope.

©argenthunts(tumblr)

— MOÏRA BLACK —

25 ANS ○ 11/08/1992 ○ BROOKLYN ○ AMÉRICAINE
EN COUPLE ○ MANNEQUIN INDÉPENDANT ○ HOT CHOCOLATE

Cher Docteur Love,

N'étant pas d'un naturel très expressive, au contraire, j'ai plutôt tendance à noyer mes sentiments les plus profonds, je ne sais pas où débuter cette lettre qui me semble si intrusive dans ma vie personnelle, surtout que celle-ci est à destination d'un parfait inconnu. Mais quand je vous lis, j'ai l'impression que vos paroles sont profondes et attentionnées envers les femmes que vous conseillez. Alors voici ce que je pourrais qualifier d’introspection de ma propre réalité.

Pensez-vous que cela soit un crime d’aspirer à de nouveaux horizons, de rêver à d’autres paysages qui me semblent aujourd’hui inaccessibles ? Vagabonder sur des terres inconnues avec une certaine excitation. Je me sens coupable de permettre à mon esprit de s’échapper de mon quotidien. Non que celui-ci soit déplaisant, mais j’ai l’impression d’être enchaîné à un avenir qui semble tout tracé d’avance. N’est-ce pas cela qu’on appelle le destin ? Avons-nous vraiment un quelconque pouvoir sur lui ? J’ai la conviction d’avoir réalisé ce que les autres ont toujours voulu pour moi. Mon chemin s’est construit à travers les désirs de mes proches et non les miens, préférant les oublier en les qualifiant peut être d’insensés. J’ai vraiment espérée correspondre à leurs attentes. Peut être pour apercevoir une quelconque fierté dans les yeux de certain mais je crois que je me suis perdue en chemin, peinant aujourd’hui à retrouver la bonne voie, et surtout, ma propre voie. Je suis dans une attente perpétuelle, n’osant prendre en main ma propre destinée. J’ai peur que cette réalité soit une infinité dans ce vaste monde qui pourrait m’offrir davantage d’aventures et de mésaventures.  

Cela fait des années que je suis avec mon compagnon, bien que je ne suis point âgée. Notre histoire semblait une évidence, un beau cliché encouragé et perpétué par les autres, par les regards persistants. Je voudrais tant lui dire certains mots, lui dire à quel point je peux me sentir seule, à quel point je suis désolée d’aspirer à autre chose et d'être lassée de tout ceci. Est-ce égoïste ? Il est pourtant gentil et tendre, il a toujours eu un profond respect pour moi. Mais disons que le temps a entaché notre relation, consumant les sentiments fougueux d’une passion de jeunesse. Nous étions peut être trop jeunes, trop insouciants et, sûrement pour moi, trop influençable. Peut être est-ce simplement le confort qui nous pousse à rester ensemble à présent ou l'appréhension d'avoir perdu toutes ces années ? Car les sentiments sont plus de l’affection et de la tendresse qu’un amour sincère. Je l’observe parfois au petit matin, lorsqu’il est encore endormi à mes côtés, et ce sentiment de vide s'empare de moi. Les gestes et les mots sont devenus de simples automatismes. Même les « je t’aime » ont un ton monotone. Ont-ils désormais une réelle profondeur ?

Mais mon cœur hurle sa douleur, ce mal être qui me consume comme la flamme d’une bougie qui s’amenuise et s'essoufle.

Est-ce inquiétant que je songe à ce que je pourrais être dans un monde parallèle, où mes choix auraient été différents ? Il m’arrive de me réveiller le matin, lors que le soleil vient à peine de se lever, quand les rayons se frayent un chemin à travers mes volets pour caresser ma peau de sa chaleur qui se veut réconfortante. Mes yeux s’ouvrent et j’ai parfois cette infime déception qui m’envahie quand je me rends compte que mon rêve n’était rien de plus que mes profonds désirs. Je ferme les yeux et m’imagine à travers ces paysages flamboyants à l’aurore, à ces lacs illuminés sous les étoiles, le chant des vagues qui me berce et le sable chaud qui vient m’encercler ou encore ces draps blancs qui parsèment des contrés nordiques. Respirer cet air pur de liberté. J’aspire à découvrir et enfin vivre comme je l’entends. Mais j’ouvre enfin les yeux et me heurte à une réalité qui m’est aujourd’hui trop dure. Je me surprends à ne pas vouloir me réveiller. Rester endormie à contempler ce que pourrait être ma vie si j’avais enfin le courage d’affirmer qui je suis, exposer à la lumière du jour cette fille rêveuse et aventureuse qui sommeille en moi depuis trop d’années.

La culpabilité me ronge d’ainsi espérer un autre lendemain, l’envie de fuir et de m’échapper. Je finis par me résigner à taire mes utopies.

Alors, Docteur Love, suis-je un cas désespéré ? Suis-je qu’une indisciplinée et arrogante fille égoïste ? Je ne pense pas être quelqu’un de foncièrement méchant, mais voilà que je doute désormais à cause de mes pensées. J’ai consacré beaucoup de ma personne pour les autres, en particulier ma famille. J’ai renoncé à un bon nombre incalculable de choses pour répondre à certaines obligations. Aujourd’hui, je n’aspire qu’à revenir à la vie et revoir ce sourire que j’abordais sans une once de culpabilité ou faux semblants. Un sourire honnête.

En me relisant, je me doute que ces quelques mots insignifiants sortis d'un esprit divaguant n’ont peut être ni queue ni tête pour vous. Peut être avais-je juste le besoin de me confier à un inconnu en tant qu’anonyme ? Car après tout, on ne peut porter de jugement à ce qu’on le ne connait pas.

Merci d’avoir pris le temps de lire ces quelques lignes écrites par une âme perturbée qui ne recherchent que la sereinité.

En plus de n'avoir su comment débuter mon récit, je ne sais comment le terminer. Quelle attitude adoptée face à vous ? Les formules de politesse me semblent trop froides après de telles confidences et un « bien affectueusement » serait trop personnel pour un homme à qui je raconte mes plus profondes incertitudes. Pourtant, de telles révélations instaurent forcément une certaine intimité ? Bien que nombreuses sont les femmes comme moi en quête de réponses qui ont du vous écrire dans un mal être plus profond que le mien. Je tacherai donc de faire dans l’originalité :

Au souvenir de quelques lignes ancrées dans le papier qui s’effaceront avec les temps comme les peines qu’il atténue mais qui m’ont permis, grâce à vous, de m’alléger d’un certain fardeau.

Alors, merci.

M.

PRÉNOM/PSEUDO— aurélie. ÂGE — 24 ans. PAYS/REGION — france. AVATAR CHOISI — gabriella wilde. AVIS SUR LE FORUM — magnifique ! PETIT PS — tout plein de coeur à @daël walfroy  

+ si certains d'entre vous recherchent des liens, j'suis open