— long time no see. /hendrix

— HENDRIX AND ELSIE —

outfit - La soirée battait son plein, comme souvent à partir d'une certaine heure. Quelques flutes de champagne étaient à présent passées entre les mains de la jeune Elsie, et bien qu'elle était loin d'être ivre, l'alcool l'avait aidé à se détendre. Après tout, même s'il s'agissait d'une soirée organisée par ses patrons, ça n'en était pas moins une soirée. Elsie aimait faire la fête. Elle passa une grande partie de la soirée à danser comme si personne ne la regarder, à discuter et à rire beaucoup trop fort avec ses collègues, et à se goinfrer des bons petits fours préparés spécialement pour l'occasion. Une soirée simple, mais une soirée parfaite, qu'elle avait pu profiter pleinement. Elle fini par s'approcher du petit buffet, au fond de la salle, cherchant en vain le verre d'eau qui ferait redescendre tout l'alcool elle avait pu ingurgiter. Mais visiblement, les seules boissons que les serveurs proposaient était du champagne, encore et tout, à flots. Elle s'approcha des serveurs derrière le comptoir, parlant assez fort pour qu'ils puissent l'entendre. — Dites-moi que vous avec un verre d'eau sous la main, et pas seulement du champagne. — Elle avait dit ça avec le plus grand des sourires, ne voulant pas paraitre désagréable. Si elle s'amusait, ce n'était pas le cas de tout le monde, elle le savait bien.

Hendrix, il observait les personnes autour de lui. Certaines dansaient, d'autres buvaient, beaucoup riaient. Une coupe de champagne dans la main, à côté du buffet, il pensait plus à manger toute cette nourriture qu'à essayer de faire connaissance avec les autres. Après tout, cela ne faisait pas longtemps qu'il était revenu, alors il ne connaissait que des visages dans tout ce monde, mais aucun nom. Jusqu'à ce qu'une chevelure rousse attire son regard. Il était sûr de lui, il était sûr que c'était Elsie. Elle avait encore grandit, après trois ans. Elle était devenue encore plus jolie, ce qu'il n'aurait pas cru possible. La voyant s'approchait du bar où se trouvaient des serveurs, il se décidait à la suivre. Il fronçait les sourcils à ses paroles. « Sérieusement ? Tu es du genre à refuser du champagne gratuit ? » Il souriait légèrement, alors que la jolie rousse se tournait vers lui, affichant une mine surprise. Il se retrouvait un peu bête, à ne pas savoir quoi dire. Il avait voulu la revoir, depuis plusieurs semaines il réfléchissait à comment reprendre contact avec elle, à se demander si elle était toujours à New-York, ce qu'elle était devenue. « Je suis content de te revoir.. » La grande question qui taraudait son esprit, était de savoir si elle, elle était contente. Ou si elle allait l'envoyer balader pour sa disparition pendant trois longues années.

Les serveurs semblaient surpris. Comme si personne ici ne buvait d'eau. Elle agrandit un peu plus son sourire, se fit le plus amicale possible, et un verre d'eau lui fut finalement tendu. Elle en but une gorgée, entendant une voix masculine vaguement familière derrière elle, qui semblait surprise qu'elle ne soit pas en train de boire du champagne. — J'ai justement un peu abusé sur le champagne. — annonça-t-elle, se tournant finalement pour faire face à cette personne. Elle s'attendait à un collègue, une vague connaissance. La voix lui semblait trop familière pour être un inconnu. Mais jamais elle n'aurait pu imaginer se retrouver en face d'Hendrix, cet homme pour qui elle en avait pincé toute son adolescence, meilleur ami de ses frères. Du moins tout ça, c'était avant qu'il les abandonne et arrête de donner la moindre nouvelle. Elsie était atterrée, elle ne comprenait pas. Était-ce le champagne qui faisait déjà plus d'effet qu'il aurait dû ? Ou rêvait-elle tout simplement éveillée ? Il lui fallut quelques secondes pour reprendre possession de son cerveau, et deux choix bien trop évidents s'offraient à elle. Lui sauter tant les bras, tant elle était heureuse de le revoir, là, devant elle et en vie. Elle avait tellement cru que jamais elle ne le reverrait. Ou alors, lui claquer la main au visage, une baffe bien méritée après toutes l'inquiétude qu'il lui avait causé depuis qu'il était parti. Mais au lieu de ça, la rouquine fit volte-face, commençant à s'éloigner sans vraiment comprendre. — C'est pas possible, c'est pas possible, c'est pas possible. — répétait-elle en fuyant bêtement l'homme qu'elle avait attendu de revoir ses trois dernières années. Elle n'en revenant tout simplement pas.

Il riait légèrement en entendant les paroles d'Elsie. Elle n'était plus une petite fille, elle buvait du champagne, sortait, était devenue grande. Il l'observait, alors qu'elle ne disait rien. Elle le regardait, l'air déconcerté. Elle avait vraiment l'air de ne pas comprendre ce qu'il était en train de se passer. Il se doutait qu'elle ne lui sauterait pas dans les bras, mais il se demandait ce qu'elle allait dire ou faire. Est-ce qu'elle le détestait ? Est-ce qu'elle lui en voulait ? Certainement. Après tout, c'était normal. Lui aussi, il serait sûrement énervé contre une personne s'étant volatilisé pendant trois ans. Mais sans qu'il comprenne, il la voyait faire demi-tour et partir sans rien dire. Il avait imaginé cette scène de retrouvailles de nombreuses fois, mais jamais il n'avait imaginé qu'elle partirait. Ce n'était dans aucun de ses scénarios. Pourtant, il avait eu le temps d'en imaginer des centaines. Après plusieurs secondes d'incompréhension, il posait sa coupe de champagne sur le bar et accélérait le pas pour la rattraper. « Attends Elsie ! » lançait-il, attrapant son bras pour qu'elle arrête de fuir. De le fuir. « Je comprendrais que tu m'en veuilles, mais.. même si c'est pour que tu me cries dessus, que tu me dises que tu me détestes, que tu me tapes, je veux parler avec toi. » Il ne pouvait pas rester sur cet échec. Il arriverait pas à dormir si elle ne lui avait même pas adressé une parole, un mot, une phrase. Même si c'était pour lui dire qu'elle ne voulait pas le revoir, qu'elle était mieux sans lui ou qu'elle avait oublié, il s'en fichait.

Le visage encore pâle des montagnes russes que venaient de faire ses émotions, elle tentait au mieux de le fuir, comme si ça suffirait à oublier, à repartir à zéro. Mais non, elle savait qu'elle devrait le confronter, un jour ou l'autre. Et ce jour, c'était bien aujourd'hui. Elle slaloma entre les groupes de personnes, tentant de reprendre ses esprits. Combien de fois avait-elle imaginé se retrouver à nouveau face à lui, pouvoir le serrer contre elle, et lui dire tout de sa nouvelle vie, de la femme qu'elle était devenue. Car si Elsie en était ici, aujourd'hui, c'était grâce à Hendrix. Personne d'autre. Il l'avait encouragé toute son adolescence, en lui parlant du journalisme, de ce qu'elle pourrait faire, en lui disant qu'elle était doué. Et il l'avait remarqué, à une époque où les seuls garçons qui semblaient la remarquer étaient ses trois frères, qui lui hurlaient dessus pour qu'elle les laisse enfin tranquille. Mais pas Hendrix. Lui avait toujours été gentil et doux avec lui, sûrement un peu trop, car la gosse qu'elle était n'avait pas tarder à avoir le béguin pour lui. Et ces sentiments là étaient toujours quelque part au fond d'elle, elle n'avait jamais oublié cet homme-là. Elle ne pouvait pas. Elle entendit à nouveau sa voix, trop près d'elle pour qu'elle ne puisse lui échapper cette fois, et sa main puissante attrapa son bras. Elle s'arrêta finalement, lui faisant enfin face. Elle le regarda, l'écouta, silencieusement, avant d'enfin prendre la parole. — Tu nous as laissé. — Ces quatre mots étaient déjà trop pour elle, et elle senti les émotions l'envahir, l'envie d'éclater en sanglots dans ses bras, tant elle en était submergé. Elle serra les dents, retenant ses larmes, avant de mettre un léger coup de poing sur son torse, avec absolument aucune force, contrairement à ce qu'elle était capable de faire. — Tu m'as laissé, et tu ne m'as pas donné de nouvelles pendant trois années. — Sa voix était tremblante, fébrile. Elle le regardait, ce doux visage qu'elle n'avait pas vu depuis tant de temps, et qui avait malgré tout changé, même s'il restait son Hendrix.

Il ne pouvait pas la laisser partir, alors qu'il venait enfin de la retrouver. Au fond, c'était peut-être égoïste de sa part. Il devrait peut-être la laisser partir, et lui parler plus tard. Attendre qu'elle vienne d'elle-même, maintenant qu'elle savait qu'il était rentré. Au moins, ça aurait pu lui laisser le temps de comprendre ce qu'il se passait, de réfléchir à ce qu'ils pourraient se dire. Mais il était incapable d'attendre plus longtemps. Il voulait lui parler, il en ressentait le besoin. Il n'avait jamais été patient. Alors il lui courrait après, sans réfléchir, attrapant fermement son bras pour ensuite attendre sa sentence. Il avait une boule au ventre, de peur d'entendre les paroles d'Elsie. Il avait peur de se sentir blessé. Il soupirait légèrement en entendant ces paroles. Il savait qu'il avait tout abandonné, dont eux, mais c'était pour leur bien. Du moins, il était convaincu d'avoir fait ça pour eux. Plutôt que pour lui. Il sentait son petit poing sur son torse. Il n'arrivait pas à savoir si elle avait si peu de force ou si elle avait fait exprès. Hendrix se mordait la lèvre, se sentant mal. « Je sais.. » Il arrivait pas à dire plus. Il ne savait pas quoi dire, au fond. Il savait qu'il avait fait une erreur. Est-ce qu'il devait vraiment s'excuser ? Est-ce qu'elle croirait ses excuses ? « Ecoute, je sais que j'aurais pas du faire ça. Mais je partais pour un long moment, je savais que c'était dangereux, que je ne pourrais pas beaucoup communiquer avec toi.. Je ne voulais pas t'obliger à vivre ça. Ni à toi, ni à tes frères. » avouait-il, plongeant son regard dans le sien. C'était la vérité, il avait vraiment pensé à ça. Mais il se doutait que ça ne suffirait pas. Qu'il était personne pour décider à la place des autres. Il aurait voulu qu'elle oublie tout ça, qu'elle soit juste heureuse et qu'ils parlent comme de vieux amis. Mais c'était impossible.

Elle garda ses yeux plongés dans les siens tout le temps où il lui parla, lui fournissant ces quelques informations, qu'elle connaissait malheureusement déjà. Elle savait bien pourquoi il avait fait ça, elle le comprenait même. Elle ne pouvait tout simplement pas l'accepter, car ça lui faisait bien trop mal. La rouquine détourna finalement le regard. Son corps se détendit légèrement, cessant d'être prêt à prendre la fuite dès qu'il lâcherait son bras. Elle regarda un instant le vide, avant de marmonner, presque trop doucement pour qu'il l'entende. — On a demandé partout autour de toi si les gens avaient des nouvelles. Personne n'a su nous renseigner. — Secouant légèrement la tête, elle chassa ces mauvais souvenirs, les nuits qu'elle avait passé à pleurer en imaginant qu'il lui était peut-être arrivé malheur. Qu'il ne reviendrait pas. Elle soupira un bon coup, se ressaisissant autant qu'elle le pouvait avant de relever le regard sur l'homme qui était toujours devant elle. — J'ai cru que tu étais mort, Hendrix. — Elle était totalement perdue, entre la joie de le retrouver, la tristesse de l'avoir perdu pendant trois longues années, la colère qu'il ai osé la laisser si longtemps sans nouvelles. Elsie ne savait pas quoi penser, quoi dire, quoi faire ou même quoi ressentir. Elle n'osait même pas imaginer la réaction du reste de la fratrie, lorsqu'ils apprendraient qu'Hendrix était de retour en ville, de retour dans leur vie, et dans celle d'Elsie. — Tu m'as tellement manqué. — finit-elle par lâcher, l'expression énervée sur son visage totalement en contraction avec ces quelques mots si doux.

Face à elle, il se retrouvait comme un enfant, à essayer de se justifier. Il détestait ça, il n'aimait pas devoir se justifier de ses actes. Mais pour qu'elle lui pardonne, il le ferait. Il essayait de faire du mieux qu'il le pouvait. Il n'avait pas envie de se disputer avec elle. Hendrix finissait par lâcher son bras, se disant qu'elle ne fuirait pas de nouveau. « Je n'ai parlé à personne après mon départ.. » Il avait oublié sa vie d'avant, ses amis, ses connaissances, sa famille, ses collègues. Il s'était concentré sur son travail, sur ces reportages et ces horribles images de guerres qu'il se devait de révéler au monde entier. Mais en entendant la suite de ses paroles, il sentait son coeur se serrait. Il se sentait mal, il s'en voulait. « Je suis désolé.. » Hendrix n'avait jamais voulu qu'elle pense cela, qu'elle s'imagine des choses horribles. Il savait au fond que beaucoup de personnes devaient penser qu'il était mort. Il l'avait cherché, à se refermer, à ne rien dire à personne. Même son retour, il ne l'avait annoncé à personne. Il était revenu du jour au lendemain, comme s'il n'était jamais parti. « Tu m'as beaucoup manqué aussi, Elsie.. » Cette jolie rouquine avait tellement souvent occupée ses pensées. Grâce à elle, il avait réussi à ne pas devenir fou. Il avait réussi à tenir. Mais ça, il se garderait bien de lui dire. Il ne dévoilait que rarement ce genre de choses. « Tu.. Tu as l'air d'avoir bien évolué.. » Est-ce qu'il essayait de changer de sujet ? De détendre l'atmosphère étrange qui régnait ? Totalement. Mais après tout, ils étaient à une soirée pour Cosmopolite et Elegance, il se doutait bien qu'elle n'était pas ici par hasard.

Elsie ne doutait pas de ses excuses. Il était sûrement honnêtement désolé. Le lien qui les unissait, déjà à l'époque, était bien trop fort pour qu'il ne puisse partir et complètement l'oublier. Ça, elle n'en doutait pas. Elle le savait. Elle le sentait. Ils avaient tous les deux toujours eu cette relation plutôt étrange, malgré les années qui les séparaient. Il avait beau être l'ami de ses frères aînés, elle était tout aussi importante qu'eux, pour lui. Il n'avait pas besoin de le dire, elle le savait. Elle se pinça doucement les lèvres lorsqu'il lui avoua qu'elle lui avait manqué aussi. C'était bon à entendre, malgré tout. Elle devait se calmer, même si elle lui en voulait d'être parti. Elle était tant heureuse de l'avoir retrouvé. — La dernière fois qu'on s'est vu, je sortais à peine du lycée, je te rappelle. — Et un léger sourire se dessina sur ses lèvres, avant qu'elle ne baisse légèrement la tête. C'était une éternité, pour elle. Tant de choses s'étaient passées, elle n'était tout simplement plus la petite Elsie qu'il avait laissé derrière lui. La gamine qui rêvait de mode et de journalisme. Aujourd'hui, elle vivait ce rêve. — Qu'est-ce que tu fais ici, Hendrix ? — demanda-t-elle en relevant le regard vers lui. Elle était toujours aussi perdu, malgré tout. — Qu'est-ce que tu fais à New-York, et qu'est-ce que tu fais à cette soirée ? — Elle savait que ce n'était pas pour elle, que ce n'était qu'une coïncidence, qu'ils se soient retrouvés ici, à la fête qu'organisait le magasine pour lequel elle bossait maintenant. Une drôle de coïncidence, malgré tout, pour ces deux amoureux du journalisme.

L'ambiance commençait doucement à se détendre. Ce n'était pas simple, comme retrouvailles. Hendrix savait qu'au début, ce serait dur, peut-être étrange et pas comme avant. Mais il espérait au fond de lui pouvoir un jour recommençait la même relation qu'il avait avec elle, avec ses frères. Il riait légèrement aux paroles d'Elsie. C'était il y a tellement longtemps. Il avait l'impression que cela faisait plus de trois ans qu'il était parti. « C'est vrai, tu n'es plus une petite fille. » Et ça, c'était sûrement le plus étrange pour lui. Elle avait toujours été la petite soeur, la gamine, l'adolescente. Mais maintenant, elle était une femme. Une adulte. Il avait du mal à s'y faire et en plus de ça, il prenait un sacré coup de vieux. Il vivait toujours aussi mal d'avoir dépassé la barre de la trentaine. Il voyait bien qu'elle ne comprenait pas ce qu'il faisait ici, à cette soirée. C'était plutôt logique, il n'aurait pas cru il y a encore quelques mois qu'ils se retrouveraient à New-York, à une soirée mondaine avec du champagne gratuit. « J'ai démissionné de mon boulot de reporter de guerre pour pouvoir rentrer à New-York et recommencer de zéro. » Oublier toutes ces horreurs. Ne plus jamais avoir à retourner dans ses pays en guerre. Il voulait vivre une vie normal maintenant, sans risquer sa vie à chaque seconde. « Et du coup, j'ai trouvé un boulot de journaliste politique à Cosmopolite, voilà pourquoi je suis à cette soirée. » Il n'y avait pas plus simple. Mais maintenant, il était curieux, il voulait savoir lui aussi. « Et toi alors, qu'est-ce que tu fais à cette soirée ? » Est-ce qu'elle avait réussi à accomplir son rêve ? Est-ce qu'elle était devenue journaliste ? Il l'espérait de tout son coeur.

L'envie de s'enfuir en courant était toujours présente. Elle se sentait étouffée dans cette pièce pourtant si grande, alors que tout le monde autour d'elle semblait prendre du bon temps. Elle releva les yeux vers Hendrix, écoutant attentivement ce qu'il avait à dire. Il était de retour, pour de bon. Elle ne pouvait pas y croire. Et il travaillait à Cosmopolite. C'était incroyable, qu'ils se retrouvent de cette façon, après tant de temps. — J'ai été embauchée par Elegance il y a quelques semaines. — La rouquine ne donna que cette explication, après tout, c'était bien la raison pour laquelle elle était là. Elle n'allait pas lui raconter sa vie, pas encore. Elle était encore trop en colère pour faire comme si rien ne c'était passé. Et quelque chose la chagrinait. C'était un pur hasard, qu'il soit tombé sur elle ici. Alors peut-être qu'il n'avait même pas cherché à la retrouver, en rentrant. Alors qu'elle ne passait pas un jour sans espérait que son téléphone sonne et que ce soit lui à l'autre bout de la ligne. — Il faut que je prenne l'air. — Un regard autour d'elle, pour chercher la sortie, et elle regarda à nouveau le jeune homme face à elle. — Tu viens avec moi ? — Elle ne savait pas vraiment si c'était un ordre ou une question. Son ton était trop incertain. Elle le regarda un court instant avant de se détourner à nouveau et de se mettre en marche vers la sortie, espérant qu'il la suive. Elle ne voyait pas pourquoi il refuserait de l'accompagner un instant à l'extérieur. À moins qu'il soit venu accompagné. Et en quelques secondes, c'était à nouveau la crise de panique, la peur qu'il est pu trouver quelqu'un depuis toutes ces années. Elle n'y avait jamais pensé, mais après tout, c'était normal qu'il ai continué à vivre sa vie.

Elsie n'était pas très détendue. Hendrix avait peur qu'elle décide de partir, qu'elle décide qu'ils avaient assez parlé pour aujourd'hui. Il savait que cette fois, il la laisserait. Il était déjà bien heureux d'avoir pu parler un peu avec elle. Il lui racontait rapidement ce qu'il faisait ici, avant qu'elle ne fasse de même. Mais elle restée bien plus évasive que lui. Elle était chez la concurrence. Même s'il se fichait un peu de cette compétition à vrai dire. Au moment où il allait reprendre la parole, elle déclarait vouloir prendre l'air. Directement, une boule se formait dans son estomac. Il avait peur qu'elle veuille sortir seule, qu'elle ne veuille pas de lui. Mais elle lui proposait de venir avec elle. Ou elle lui ordonnait, il savait pas trop. Elle ne lui laissait pas le temps de répondre qu'elle partait. Hendrix se retrouvait un peu idiot, à passer entre les petits groupes de personnes profitant de la soirée pour atteindre la sortie et rejoindre Elsie. « Quelque chose ne va pas ? » Elle redevenait étrange d'un coup, et il ne comprenait pas pourquoi. Est-ce qu'il avait dit ou fait quelque chose de mal ? Avant, il arrivait à la comprendre en un regard. Il comprenait ce qui n'allait pas. Mais après trois ans, il avait l'impression de revenir au point de départ de leur relation, ce qui l'énervait. « Même si ça fait longtemps, je suis toujours là si tu as besoin de parler ou si tu veux savoir quelque chose tu sais.. » C'était peut-être trop tôt pour ça. Trop tôt pour parler comme avant. Hendrix avait soudain peur d'y aller trop vite. Il attendait tellement ses retrouvailles, qu'il s'emballait. Mais il risquait plus de la brusquer qu'autre chose.

L'air frais frappa son visage dès qu'elle eu passa la porte qui menait à la rue. Même si l'agitation semblait presque identique à celle de l'intérieur, elle pu prendre une longue respiration, faisant petit à petit disparaitre cette anxiété que la rencontre hasardeuse qu'elle venait de faire avait provoqué en elle. Des retrouvailles bien trop compliqués, alors qu'elle aurait tout simplement préféré lui sauter dessus, heureuse de le voir là, devant elle, en vie. Elle se retourna vers Hendrix lorsqu'il arriva à son niveau, lui offrant un léger sourire à ses mots. Il n'avait pas tant changé que ça. Il était toujours aussi doux et attentionné, et même si elle lui en voulait, ses quelques mots, preuve qu'il serait toujours là pour elle, provoquèrent dans son fort intérieur une sensation qu'elle n'avait pas sentie depuis son départ, des papillons dans l'estomac qu'il était bien le seul à faire apparaitre. — Tu allais essayer de nous retrouver, par vrai ? Si je n'étais pas tombé par hasard sur toi aujourd'hui, tu serais quand même venu reprendre contact ? — Ça la travaillait. Ça, et beaucoup d'autres questions, mais elle devait prendre son temps. Les poser les unes après les autres, au bon moment, quand elle était prête à en entendre les réponses. Parce qu'ils ne se mentaient pas. Ils ne s'étaient jamais menti, et c'était bien une des choses qu'elle appréciait. Il était honnête, avec elle, avec lui-même. Une de ses trop nombreuses qualités, si on en croyait la petite Elsie. Son regard se posa sur lui un long moment, où elle en profita à nouveau pour détailler ce visage qu'elle n'avait pas vu pendant trois longues années. — T'as aucune idée à quel point tu m'as manqué... — Et c'était vrai. Même elle ne savait pas comment l'expliquer, comment mettre les mots sur la façon dont elle avait souffert pendant son absence, elle savait qu'il lui avait manqué plus que c'était imaginable. Et au fond, elle espérait qu'elle lui avait manqué tout autant.

Hendrix respirait l'air frais, se sentant bien mieux à l'extérieur qu'à l'intérieur. Il y avait bien trop de monde à l'intérieur, trop de monde qu'il ne connaissait pas. Observant la jolie rouquine, il se demandait à quoi elle pensait. Il aurait aimé pouvoir lire dans les pensées à ce moment précis, pour essayer de comprendre ce qu'il se passait dans sa tête à l'heure actuelle. Il se doutait que son retour la perturbait, mais il espérait qu'elle ne se prendrait pas trop la tête. Il essayait de la rassurer, il essayait de lui montrer qu'il était là. Même s'il avait disparu pendant trois ans, c'était terminé maintenant. « Évidemment que oui ! » C'était évident aux yeux du brun, mais ça n'avait pas l'air de l'être pour elle. Il arrivait même pas à croire qu'elle pouvait se poser cette question. « J'avais peur de votre réaction. Je cherchais le meilleur moyen de revenir dans vos vies après trois ans de disparition, je ne savais pas comment le faire. » En trois ans, les personnes changent. Elles évoluent. Hendrix était bien placé pour le savoir, il avait changé. La réaction de sa famille de coeur l'avait travaillé depuis plusieurs semaines. Il avait toujours eu peur du rejet, il n'avait pas envie de le vivre avec les personnes à qui il tenait le plus. Il souriait en entendant ses paroles, son coeur battant un peu plus fort. Comment cette petite rouquine pouvait lui faire cet effet après trois ans ? Il n'arrivait pas l'expliquer, à le comprendre. « Toi non plus, Elsie.. Je n'ai jamais cessé de penser à toi. » C'était sincère. C'était la vérité. Il ne devrait peut-être pas lui dire, il devrait peut-être arrêter d'être aussi franc. Mais il s'était toujours promis de ne pas lui mentir, il ne commencerait pas aujourd'hui.

Son coeur s'emballait à chaque mot tendre qu'il lui disait. La rouquine aurait voulu le prendre dans ses bras, ne jamais le laissé, par une nouvelle fois. Elle n'avait jamais osé lui dire que, déjà bien avant qu'ils ne se rapprochent autant, il la faisait complètement craqué. C'était une gamine, à ses yeux. Huit ans de moins, ça ne passe pas inaperçu, quand on est gosse. Puis ils s'étaient rapprochés, encore et encore, pour se retrouver dans cette situation ambigüe, cette relation sans nom, de confiance totale, de sentiments bien plus qu'amicaux, d'amour commun pour une passion qui les avait rapproché bien plus qu'ils ne l'auraient cru. Ses joues rougirent légèrement lorsqu'il lui dit qu'il avait pensé à elle. Elsie n'avait pas passé une journée sans penser à Hendrix, à son visage, à leurs moments, à ce qu'il devenait aujourd'hui. Les larmes aux yeux, généralement, persuadée que jamais elle ne le reverrait. Mais si, il était bien là. Un léger sourire s'étira sur ses lèvres, et elle dû se mordiller la lèvre pour éviter de montrer à quel point elle était heureuse, à ce moment là. Ses yeux retrouvèrent finalement les siens. — Tu es venu à la soirée accompagné ? Je ne voudrais pas te voler à ta cavalière trop longtemps. — Si peu subtil, mais la question lui trottait bien trop dans la tête. Elle avait besoin de savoir, d'être sûre qu'elle ne l'arrachait pas au bras d'une autre femme, qu'il aurait rencontré entre temps.

Hendrix observait la rouquine, il ne la lâchait pas du regard en continuant de répondre à ses questions. Il voulait la rassurer un maximum, du mieux qu'il le pouvait. Puis comme toujours, il disait la vérité, il disait ce qu'il pensait. Il espérait qu'elle le croyait, qu'elle n'avait pas totalement perdu confiance en lui à cause de son départ. Même s'il n'avait pas menti, il était parti sans rien dire. Il pourrait comprendre qu'elle n'est plus confiance en lui. Elle ne disait rien, ce qui stressait le grand brun. Il sentait que quelque chose n'allait pas. Il ne savait pas si c'était juste son retour, autre chose, peut-être quelque chose qui ne le concernait pas. Mais elle n'avait aucune raison de lui parler, elle avait sûrement des amis à qui parler. Peut-être même un petit ami. Après tout, elle avait grandi, elle était toujours aussi jolie, il ne serait pas surpris. « Non, je suis venu seul. » Pourquoi cette question ? Est-ce que ça l'aurait dérangé qu'il soit accompagné par quelqu'un ? Par une femme ? Ou peut-être qu'il se posait trop de questions, c'était seulement de la politesse. « Et toi ? Peut-être un petit-ami dans cette salle ? » demandait-il en souriant. Il était curieux, lui aussi. Il pourrait faire passer ça pour de la curiosité, en tout cas. Mais en réalité, il avait envie de savoir. Malgré les années, ce lien étrange était toujours présent. Il sentait qu'ils étaient toujours liés, qu'au fond, ça n'avait sûrement jamais disparu.

Un nouveau léger sourire se faufila sur ses lèvres lorsqu'il confirma qu'il était bien seul, à cette soirée. Elle espérait qu'il l'était, aussi dans la vie. Bien qu'eux, ils n'étaient rien. Ils n'avaient rien été. Elle avait eu beau espérer, s'imaginer des milliers de fois prendre les devant et aller plus loin, dans cette relation ambiguë, ils n'avaient jamais été quoi que ce soit de plus que de très bons amis. Malgré tout, l'entendre dire qu'il était tout seul, et savoir qu'il l'avait suivi jusque là, c'était une satisfaction. Elle comptait encore, malgré les années, malgré l'absence. Elle avait encore sa place, dans sa tête, dans sa coeur, et rien n'aurait pu plus la rassurer. Il lui demanda si elle était venu avec un petit-ami, et son sourire s'agrandit un peu plus, relevant à nouveau les yeux vers lui. Il était curieux. Peut-être juste curieux, ou peut-être voulait-il vraiment le savoir. Parce que ça comptait. — Non, pas de copain. — Elle n'en avait pas eu beaucoup, à vrai dire. Quelques copains au lycée, jamais rien de trop longs, ou de trop importants. À partir du moment où elle avait réalisé ce que représentait Hendrix, elle avait toujours eu la tête ailleurs. Elle pensait à lui. — Quelques aventures par-ci par-là, mais pas de copain. — rajouta-t-elle finalement. Elle devait être honnête. Elsie n'était pas resté sagement à attendre qu'Hendrix revienne un jour, qu'il lui reparle un jour. Elle avait vécu sa vie, et elle ne regrettait rien. Elle avait rencontré des étrangers, passé la soirée à s'amuser, jamais rien de sérieux ou de compliqué. Elle avait laissé des mots gentils sur des post-its avant de partir sur la pointe des pieds, parce qu'elle refuse l'engagement, pour l'instant. Elle est trop jeune, et bien trop accro à un autre mec pour pouvoir s'engager avec quelqu'un. Hendrix lui avait toujours fait tourner la tête, elle le savait trop bien. Mais lui, par contre, n'en savait strictement rien. Elle glissa doucement ses mains sur ses bras nus, l'air frais de la nuit sur sa peau, lui souriant doucement. Gentiment. Elle ne lui en voulait pas, elle ne pouvait pas dire l'inverse.

Cette conversation semblait étrange aux yeux d'Hendrix. Avant, ils parlaient pas de ce genre de choses, elle était jeune, les choses étaient différentes, les sujets de conversations n'étaient pas les mêmes. Mais maintenant, cela était normal. Elle était grande, lui plus vieux. C'était des choses logiques. Pourtant, quand elle précisait avoir eu des aventures, il ressentait un sentiment étrange. Une boule au ventre, le coeur battant plus vite, il était pas prêt. Il était pas prêt à la voir plus grande, plus mâture, pouvant avoir des copains. Évidemment qu'il le comprenait, il avait eu des relations lui aussi. S'il ressentait cela, c'était sûrement à cause du temps qui était passé, depuis le temps qu'ils ne s'étaient pas vus. Du moins, il essayait de se persuader que ce n'était que ça et rien de plus problématique. Mais là, il ne savait pas quoi dire, il ne savait pas quoi lui répondre. Il avait peur de dire quelque chose qui pourrait lui faire comprendre qu'il n'aimait pas ça. C'était plus fort que lui, il ne pouvait pas le contrôler. Baissant le regard, fixant ses pieds, il soufflait doucement pour reprendre ses esprits. Il ne devait pas se laisser aller. Il ne devait pas lui montrer que ça le touchait. Il remarquait qu'elle avait froid, relevant enfin les yeux vers elle. « Tu veux ma veste ? » Il devait changer de sujet, il devait passer à autre chose et ne pas penser à ça. « Ou retourner à l'intérieur ? Le champagne devrait t'aider à te réchauffer. » Il riait légèrement avant de lui sourire. Il avait l'impression de ne plus être la même personne face à elle, il se sentait gêné de cette situation. Avant, il pouvait lui dire tout et n'importe quoi sans se prendre la tête. Maintenant, il réfléchissait à chaque mot, chaque parole, avant de lui dire. Il avait peut-être 30 ans, oui. Mais face à elle, il ressemblait à un adolescent qui cherchait ses mots. Et il détestait ça.

Elsie avait cette sensation bizarre que rien n'avait changé, mais qu'à la fois rien n'était pareil. Elle aimait toujours autant être avec lui, et lui parler. Elle aurait pu rester là à lui parler toute la nuit, si il l'avait voulu. Comme au bon vieux temps. Mais il était parti, trois ans, sans donner de nouvelles. Et ce genre de choses laissaient forcément des traces. Elle hocha finalement la tête lorsqu'il lui proposa de retourner à l'intérieur. Il avait raison, elle aurait moins froid dedans, et le champagne devrait l'aider à se sentir moins comme une vraie gamine, face à lui. Parce qu'elle avait prit l'habitude d'être une gamine face à lui. Et même maintenant qu'elle était une jeune femme épanoui, devant Hendrix, elle se sentait ridicule. — Seulement si t'acceptes de danser avec moi. — La rouquine lâcha un petit rire à son tour, avant de se diriger à nouveau vers la porte. Ce malaise devait partir. Elle comprenait bien que les choses étaient différentes, pour tous les deux, mais elle ne voulait pas que cela dure trop longtemps. Elle voulait leur ancienne relation, leurs longues heures de discussion à se regarder dans le blanc des yeux, leur flirt toujours subtil mais toujours présent, malgré la différence d'âge. Elle voulait retrouver tout ça. Une fois de retour dans la grande salle, elle attrapa deux flutes de champagne avant de regarder autour d'elle. La pièce s'était vidé, on s'entait que la soirée commencer à s'essouffler. Après tout, elle était là depuis plusieurs heures déjà. Elle voulait profiter des dernières chansons, et les profiter avec lui. Elle se tourna finalement vers le jeune homme, lui tendit une des flutes avec un sourire. — Aux retrouvailles ? — dit-elle doucement. Elle était si heureuse de l'avoir retrouvé après ces années.

Il était temps de retourner à l'intérieur. Mais quand il entendait les paroles d'Elsie, il avait moins envie. Danser ? Il ne savait pas danser. Il n'avait jamais appris à danser, il n'était jamais allé en boite pour essayer de danser et il n'avait jamais assisté à aucun événement où les gens dansaient. En plus de se ridiculiser, il risquait de ridiculiser la rouquine. « Il va falloir boire plus qu'une coupe pour que je danse. » rétorquait-il en riant légèrement. Il avait décidé de se lâcher depuis son retour, de profiter de toutes les choses de la vie qu'il ne connaissait pas. Sauf que danser devant des inconnus sans boire, c'était impossible à ses yeux. Sûrement trop tôt pour avoir tout de suite le courage de faire les choses sur un coup de tête en oubliant le regard des gens aux alentours. Une fois à l'intérieur, il suivait Elsie qui attrapait deux coupes de champagne. « Aux retrouvailles que j'attendais le plus. » Un sourire en coin, il trinquait avec elle. L'ambiance était moins joyeuse que tout à l'heure. Il ne savait même pas l'heure qu'il était. Il n'avait pas prévu de rester longtemps à cette soirée, il voulait juste y faire un tour. Mais une fois qu'il avait croisé la route d'Elsie, il avait tout oublié, ce concentrant uniquement sur elle. Cet effet qu'elle avait sur lui l'impressionnerait toujours. Il n'était pas du genre à se faire avoir par les filles, à perdre ses objectifs pour une fille. « Tu es certaine de vouloir danser avec moi ? » Au fond de lui, il espérait qu'elle revienne sur ses paroles, qu'elle ne veuille plus. Mais si elle le demandait, il savait bien qu'il ne pourrait jamais lui résister.

Ils trinquèrent, et elle porta rapidement le verre à ses lèvres. Elle qui avait dit qu'elle s'arrêtait de boire pour la soirée, c'était ratée. Elle ne voulait pas boire trop et devenir incontrolable devant Hendrix, ça non. Puis il devait encore la voir comme une enfant, une petite chose fragile. Mais Elsie avait bien changé. Elle bu rapidement quelques gorgées de son champagne, avant de se tourner vers l'homme, haussant les sourcils. — Tu me refuserais une danse, Hendrix ? À moi ? — D'un air amusé, elle le fixa un instant, faussement surprise. Elle savait bien qu'il ne le lui refuserait pas. Il ne lui refuserait rien, il ne l'avait jamais fait. Quelques battements de cils, et il lui passait tout. C'était facile, mais elle ne le forcerait à rien. — Il faut croire que les choses ont vraiment changés. Tu étais incapable de me résister, avant. — Elle lâcha un petit rire, ne sachant pas vraiment pourquoi elle venait de dire ça, et fini sa flute d'une traite, un peu mal à l'aise. Elle devait passer pour une salle gosse qui se servait de lui à chaque occasion. Ce n'était pas vrai, heureusement. Elle le considérait tellement plus qu'il ne pourrait l'imaginer. Que ce soit pour qui il était, pour tout ce qu'il faisait. Il était un vrai modèle pour elle, bien qu'elle n'oserait jamais clairement lui dire. Si elle en était là, aujourd'hui, journaliste mode dans un des plus grands magasines du pays, elle le devait en grande partie à lui.

Il buvait quelques gorgées de champagne, observant les rares personnes qui dansaient encore. L'idée d'être à la même place dans quelques minutes ne lui plaisait pas. Il tournait la tête vers Elsie, surpris. A croire qu'elle savait qu'il ne lui résistait pas. Est-ce qu'elle s'en amusait ? Est-ce qu'elle en abusait ? L'impression pendant plusieurs secondes d'être pris pour un idiot traversait l'esprit d'Hendrix. Puis il observait son doux visage, ses yeux pétillants, son sourire d'ange, ses longs cheveux roux. Impossible. Elle n'était pas ce genre de filles, il en était persuadé. Peut-être qu'il l'idéalisait trop. Mais il ne pouvait pas le croire, il ne voulait pas le croire. « Ca, c'est ce que tu crois. Si je le voulais, je te résisterais. » rétorquait-il en riant légèrement, essayant en passant de se rassurer. Il finissait sa coupe de champagne, la reposant sur la table la plus proche de lui. Il se rapprochait d'elle, un sourire malicieux sur les lèvres. « Mais je n'ai jamais eu envie de te résister. » avouait-il avant de tendre sa main vers elle, tel un gentleman. « Alors, on va danser ? » Hendrix, il ne tenait pas l'alcool. Il buvait une bière le soir, ça lui suffisait. Le champagne, c'était rare, exceptionnel. Alors enchaîner les coupes, c'était pas bon pour lui. Ca montait très vite. C'était sûrement pour ça qu'il se lâchait un peu plus, qu'il se détendait, qu'il se dévoilait. Un peu. Pas trop. Il ne fallait pas abuser des bonnes choses non plus.

Toujours un air malicieux et amusé au visage, la rouquine le détaillait du regard comme si elle n'était pas sûre de le revoir, après cette soirée. Et c'était le cas. Une partie d'elle doutait, en tout cas. Ils étaient là, tous les deux, après trois ans sans la moindre nouvelle. Rien ne lui garantissait qu'il serait toujours là, demain. Il lui faudrait un temps pour oublier la façon dont elle s'était sentie abandonné, dont elle avait souffert à son départ. Elle lui referait confiance pleinement, c'était sûr, mais avec du temps. Pour l'instant, elle ne voulait pas y penser. Elle voulait profiter de cette soirée. Il était là, il était bien là. Cette soirée n'était pas le fruit de son imagination, alors qu'elle était allongée dans son lit, à refaire le monde dans sa petite tête débordant d'imagination. Elle posa sa coupe lorsqu'il lui tendit la main, l'attrapant avec un large sourire. — Si c'est toi qui le propose, je ne vais pas essayer de résister. — Un nouveau sourire, amusé par le retournement de situation, et elle le tira à sa suite jusqu'au centre de la pièce, la piste de danse quasiment vide à cette heure-ci. Elsie fit un pas vers lui, incertaine. Elle n'avait jamais eu du mal à danser, même devant des gens. Elle dansait avec ses amies, elle dansait avec des inconnus, elle dansait même seule, parfois. Elle n'avait aucune gêne, elle ne craignait que très peu le regard et le jugement des autres. Mais là, c'était différent. C'était Hendrix, et elle n'aurait pas accepter le moindre faux pas. Elle ne savait même pas commencer danser avec lui, et elle commença à regretter sa proposition.

Hendrix, il vivait une soirée étrange ce soir. En venant à cette soirée, il pensait restait seul, tranquille, dans son coin. Il ne pensait pas croiser Elsie, pour ensuite avoir le courage de lui adresser la parole et finir par danser avec elle au milieu de tout le monde. Rien que le mot danser ne faisait pas parti de son vocabulaire. Pourtant, il se lâchait, il lâchait prise et il se laissait entraîner au milieu de la piste. Il pensait que la rouquine le guiderait, l’aiderait pour danser, mais elle avait l’air encore plus perdue que lui. Tout du moins, elle n’avait pas l’air de savoir comment danser avec lui. Une observation rapide des personnes autour d’eux, et il attrapait la main de sa cavalière d’une danse pour l’entraîner avec lui. Il était peut-être ridicule, très certainement d’ailleurs. Mais il s’en fichait, il se concentrait sur elle, sur les pas de danse, le rythme de la musique. Un sourire en coin, sa main dans la sienne, il se laissait prendre au jeu. Il aimait bien ce jeu. Il l’aimait car ça le rapprochait un peu plus d’elle. Toute activité pouvant le rapprocher d’elle lui plairait, de toute façon. Il était toujours aussi faible face à elle, aussi bête. Avec ce sourire d’idiot accroché aux lèvres, ses yeux pétillants grâce au sourire de la rouquine. Un adolescent aurait l’air plus intelligent que lui dans la même situation. Puis la musique s’arrêtait. Il lâchait sa main, et ils se dirigeant tous les deux un peu plus loin. « Tu as pu voir que mes talents de danseur n’était pas au plus haut niveau ! » Il riait légèrement, préférant se moquer de lui-même plutôt que d’avoir honte. La honte ne le mènerait à rien de toute façon, et il ne pouvait pas non plus être parfait. « Je crois bien que la soirée est terminée.. » Il n’en avait pas envie, mais il devait se rendre à l’évidence. Les personnes commençaient à récupérer leurs affaires, à quitter les lieux. Les serveurs commençaient à tout ranger. Il n’avait pas envie que ses retrouvailles se terminent aussi vite, même si au fond, il savait que ça faisait déjà un petit moment qu’il était avec elle.

Même si elle avait toujours été du genre à se donner à fond sur une piste de danse, se fichant bien des gens qui la regardaient, c'était tout simplement impossible à ce moment là. Pas avec Hendrix. C'était une des rares personnes dont l'avis comptait, même encore aujourd'hui, après ses trois longues années sans avoir de ses nouvelles. Ils avaient malgré tout investi la piste, le centre de la grande salle de réception. Elle serra doucement sa main, souriant à ce geste. C'était bien la première fois qu'ils se retrouvaient à danser, tous les deux, main dans la main. Même dans ses rêves les plus fous, elle n'aurait pas pu imaginer de telles retrouvailles avec l'homme qui l'avait abandonné pendant trois années. La musique s'arrêta finalement, ce qui eu l'effet d'une douche froide qui fait passer toute l'euphorie que l'alcool avait pu provoquer. Elsie lâcha sa main, s'éloignant un peu, bien que son sourire ne lâcha pas ses lèvres. — La dernière fois que j'ai dansé sur ce genre de musiques, c'était à un festival où Bran m'avait traîné. — Elle lâcha un petit rire, regardant un instant Hendrix, avant de se pincer les lèvres sentant un léger malaise. Ils n'avaient pas encore parler des frères à Elsie. C'était grâce à eux qu'elle avait connu Hendrix, mais il les avait laissé sans nouvelles à eux aussi. Et les connaissant, ils seraient bien plus durs avec lui qu'elle ne l'avait été. Elle regarda rapidement autour d'elle. Il n'y avait quasiment plus personnes, quelques mannequins en train de picorer les derniers petits fours au fond de la salle, une jeune femme avec une robe qui ressemblait plus à une moustiquaire qu'à un vrai tissu en train de se déhancher malgré le silence, visiblement qui avait abusé de la boisson. Elsie fut rassurer de ne pas en être à ce point. Elle regarda à nouveau le jeune homme, lui souriant légèrement. — Tu me raccompagnes ? — demanda-t-elle finalement, avec une voix des plus douces.